
Entre la fin des années 60 et le milieu des années 80, la Corée du Sud se transforme à une vitesse fulgurante. Ceux qui ont eu la chance de voyager dans le pays à cette époque, caméra Super 8 en main, ont enregistré sans le savoir des images d’une nation en pleine reconstruction. Ces bobines, aujourd’hui enfermées dans des boîtes métalliques ou plastiques, sont des capsules temporelles d’un quotidien disparu, où la campagne dominait encore la ville, et où le béton et la technologie ne régnaient pas encore en maîtres sur Séoul.
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ToggleLes images capturées à l’époque sont aujourd’hui irremplaçables. Non pas seulement pour la beauté de leur grain ou leur valeur sentimentale, mais pour ce qu’elles montrent : un pays avant l’explosion numérique, avant l’urbanisation massive, avant l’occidentalisation palpables des deux dernières décennies.
La Corée du Sud des années 70 comme on ne la reverra jamais
Certaines scènes, anodines à l’époque du tournage, prennent aujourd’hui une dimension historique. Les bobines Super 8 tournées par des touristes, coopérants, enseignants, ou simples voyageurs révèlent une Corée du Sud profondément différente de celle que l’on connaît aujourd’hui.
À Séoul, les avenues comme Jongno ou Eulji-ro sont filmées remplies de vélos et de bus GMC hérités de la guerre. Les gratte-ciels modernes de Gangnam n’existent pas encore. À Busan, on capte l’animation d’un port sans containers, dominé par les petites pêches. Dans les campagnes de Gyeonggi-do ou de Jeolla, les rizières s’étendent à perte de vue, sans routes goudronnées ni lignes électriques aériennes. À Andong ou Gyeongju, les temples sont filmés sans encadrement touristique, dans une atmosphère de calme total, où les rares visiteurs marchent pieds nus, sans appareil photo.
Les enfants jouent dans des ruelles de hanoks, vêtus d’uniformes d’écoliers modestes. Les scènes de rue montrent les vendeurs de journaux, les cris des marchés couverts, les files d’attente devant les bus. Ces images sont d’une richesse documentaire évidente, d’autant plus précieuses que peu d’archives officielles ont été conservées pour cette époque.
Une bobine tournée dans la chaleur et l’humidité doit être traitée comme une pièce unique
La Corée du Sud est un pays aux contrastes climatiques forts. L’été est humide, lourd, parfois typhonique. Le simple fait d’avoir filmé à Daegu ou Mokpo pendant la mousson et d’avoir stocké les bobines dans une valise en cuir ou une armoire de bois a pu causer des dégâts invisibles à l’œil nu.
La pellicule Super 8, souvent en émulsion Kodachrome ou Fujichrome, se rétracte, absorbe l’humidité, et développe parfois des moisissures internes. La réactivation de ces films nécessite des soins précis, loin des solutions amateurs.
Une stabilisation thermique préalable est souvent nécessaire, suivie d’un nettoyage à bain sec utilisant des solvants homologués comme le Dymet HC-410. Les scanners professionnels adaptés à ce type de pellicule, comme le Kinograph 2X modifié avec module gate pressure reduction, sont utilisés dans les centres de traitement haut de gamme. Ce type d’équipement permet une capture image par image, sans contact avec l’émulsion.
Quand numériser ne signifie pas trahir l’image
Les films tournés en Corée entre 1965 et 1985 ont une colorimétrie particulière : dominante froide sur les pellicules Agfa utilisées dans les hivers coréens, saturation légère sur les teintes rouges dans les marchés, ombres profondes lors des cérémonies nocturnes filmées dans les temples.
La restauration consiste non pas à lisser ou moderniser ces images, mais à respecter leur équilibre visuel d’origine. Des logiciels comme Colorlab HDR Transfer, développé pour les cinémathèques asiatiques, permettent de restituer des courbes colorimétriques spécifiques à l’éclairage naturel de la région. Chaque film est scanné en 12 bits, corrigé plan par plan avec une table LUT appliquée en environnement non destructif.
Les scènes sombres filmées dans les rues de Daejeon ou les temples de Gwangju peuvent être stabilisées sans amplification numérique excessive. Il est même possible de recaler les films muets avec des ambiances sonores enregistrées à la même période par des archives sonores de terrain, si disponibles.
Sur quels supports restituer ses films coréens ?
Une fois numérisé et restauré, un film Super 8 doit être sauvegardé et diffusé dans des formats adaptés à la fois à la conservation et à la consultation.
Le site keepmovie.fr propose plusieurs options selon les besoins et la nature des images :
Clé USB contenant une version H.265 1080p avec faible débit mais haute qualité, idéale pour une lecture simple sur TV.
Disque dur externe formaté en APFS ou exFAT, contenant une version ProRes 422 HQ ou DNxHR HQX pour les familles souhaitant conserver un master haute fidélité.
Lien cloud chiffré avec durée limitée et journal de téléchargement sécurisé pour les voyageurs expatriés souhaitant partager leurs films avec leurs proches.
Export MKV encapsulant le fichier vidéo, un fichier audio reconstitué, et un XML de métadonnées reprenant les informations historiques disponibles (lieu de tournage, année, type de film, émulsion, caméra utilisée).
Un témoignage sociologique plus précieux qu’un simple souvenir
Ce que révèlent les films tournés en Corée du Sud dans ces années, c’est un mode de vie, une gestuelle, une manière d’être ensemble avant la révolution numérique. Le fait de voir des passants assis sans téléphone, des temples silencieux sans haut-parleurs, des vendeurs installés à même le sol sans packaging plastique ni logos, donne à ces images une portée culturelle immense.
Elles sont aussi des archives silencieuses de la condition féminine à l’époque, de l’évolution du système scolaire, de la pratique religieuse populaire ou encore de l’urbanisme improvisé dans les périphéries de Séoul. Chaque plan révèle une Corée du Sud plus lente, plus tactile, plus ancrée dans l’oralité.
Transmettre la Corée que vous avez vue
Numériser ces films, ce n’est pas restaurer une image seulement. C’est faire revivre un instant, restituer un climat, offrir une passerelle entre ce que vous avez vu et ce que d’autres peuvent encore découvrir à travers vos images.
Un film tourné en Super 8 dans les rues de Séoul en 1971 n’est pas un simple souvenir. C’est un document. Et le traiter avec sérieux, avec des équipements adaptés, une colorimétrie respectée et une restitution soignée, c’est faire le choix de transmettre un morceau du monde que seule votre caméra a saisi.
